Je suis née à Rochefort le 26 juillet 1993, j’ai été sélectionnée en septembre 2023 pour intégrer l’équipe de France de handball et j’ai participé à deux matchs pour les qualifications à l’Euro 2024.
2000-2007 : Rochefort Handball Club - RHBC
2007 : Pôle Espoir d’Angoulême / Club d’Angoulême, -18 National puis Division 2 en 2010-2013
2013-2015 : Chambray-lès-Tours, Division 2
2015-2016 : Club d’Angoulême, Nationale 1
Depuis 2016 : Équipe de Strasbourg, Achenheim Truchtersheim Handball / Capitaine depuis 2019 / Division 2 en 2018 / Division 1 en 2023
Octobre 2023 : Qualification Euro 2024 Équipe de France
J’ai commencé la discipline au Rochefort Handball Club (RHBC) à l’âge de 7 ans jusqu’à mes 14 ans. J’ai eu l’opportunité d’être entraînée par Rodolphe Stéfo, Emilie Catrou, Odile Pilleux et bien d’autres encore.
À mes 7 ans, j’étais à l’école Herriot. J’ai découvert le Handball avec Valentin et Martial Fontaine, mes voisins. J’avais tendance à bouger beaucoup. Mes frères faisaient de la boxe et de l’athlétisme et moi je n’avais pas encore trouvé mon sport. Mes voisins m’ont dit d’essayer le handball, j’ai de suite accrochée, c’était hyper ludique, me dépenser avec un ballon. J’étais plutôt agile et je n’avais pas peur. Pour moi c’était le sport parfait. Donc merci Valentin Fontaine qui est aujourd’hui responsable sportif du Rochefort Handball Club.
J’ai commencé avec les garçons car il n’y avait pas d’équipe féminine. C’était pour moi une révélation, une grande passion. Je m’entraînais au Polygone et avec mon petit vélo j’allais à Merleau-Ponty rejoindre les joueuses de la section départementale du lycée Merleau-Ponty.
À Rochefort, il y a d’un côté le club RHBC et de l’autre la section sportive de Merleau-Ponty. Moi, j’étais au collège La Fayette et je m’entraînais avec les plus grandes le mercredi. C’était une vraie opportunité de pouvoir jouer avec des filles plus âgées, très enrichissant pour ma progression.
À 14 ans, je suis partie au Pôle Espoir Régional, et par la même occasion, j’ai intégré le club d’Angoulême qui évoluait en -18 national. C’est le meilleur niveau proposé chez les jeunes avant d’intégrer les équipes seniors. Pour moi, partir à Angoulême était la suite logique parce que c’était un club purement féminin qui évoluait en Division 1, un club historique dans le paysage handballistique régional et national. C’était un choix sportif de faire ma scolarité au lycée Marguerite de Vallois et en parallèle de jouer dans un club. J’y ai passé six années. J’ai évolué dans les différents niveaux du club, en -18 national, en Nationale 1 puis en D2 à l’âge de 17 ans. Par la même occasion, j’ai signé mon premier contrat professionnel à 17 ans.
Entre 2013 et 2015, je suis partie faire mes gammes à Chambray Touraine Handball. Malheureusement, ça ne s’est pas passé comme j’aurais pu l’espérer. Alors je suis revenue une année à Angoulême retrouver mes copines et retrouver le plaisir de jouer.
À la suite de l’appel d’un entraîneur en 2016, j’ai eu l’occasion de rejoindre le Achenheim Truchtersheim Handball. Pour la petite anecdote, cet entraîneur m’avait déjà appelée pour intégrer le centre de formation du Havre, mais j’avais refusé en 2011. Il m’a encore appelée en 2012 pour intégrer la D1 féminine au Havre, j’ai refusé. Et là étrangement, il m’a appelée pour un projet de montée en D2 et j’ai accepté. C’était un entraîneur ultra fiable pour moi parce qu’il entraînait en D1 et qu’il a gagné une coupe d’Europe. C’était un projet viable et intéressant. J’ai donc décidé de prendre mes bagages et de traverser la France.
Depuis, je suis une joueuse à part entière du collectif. J’ai participé à deux montées en D2 en 2018. Ensuite on a fait 5 ans en D2. La première année, on a réussi à faire les play-offs et ensuite nous sommes montées en D1 en 2023. Pour moi, c’est une grande fierté parce que c’est ma 8ème saison. J’ai eu l’opportunité de vivre deux montées avec ce Club qui est ultra familial, très compétitif et qui a su se mettre au diapason pour permettre à son équipe de se maintenir dans les niveaux dans lesquels elle était inscrite.
Je suis très fière d’être dans ce club où je suis capitaine d’équipe depuis la saison 2020-2021. J’évolue au poste de demi-centre et je porte le maillot n°26.
En 2023, on était à Brest, en déplacement. Je n’avais pas mon téléphone. Mon entraîneur m’a demandé de venir le voir et il me dit « Olivier Krumbholz va t’appeler » et je lui réponds « pour quoi faire ? », - « Il veut te prendre pour le prochain rassemblement », je lui dis « mais pour quoi faire ? » !
Il y avait bien un message vocal sur mon répondeur. J’ai rappelé et j’ai répondu favorablement à la proposition d’intégrer l’équipe de France de Handball féminin. Une joueuse s’était blessée. Heureusement, la joueuse a retrouvé la santé et elle a pu participer au mondial où l’équipe est sortie victorieuse.
Mais au moment où il m’a appelée l’entraîneur ne savait pas si elle pourrait jouer. Il cherchait alors une handballeuse avec un jeu atypique.
Souvent, les entraîneurs nationaux gardent les joueuses en tête et savent où elles en sont, ils sont souvent en relation avec les entraîneurs de clubs.
Ce qu’il y a de drôle c’est que quelques jours avant, c’était l’anniversaire de mon neveu qui m’a dit « Tata, quand est-ce que tu vas en équipe de France ? » c’est vraiment l’insouciance des enfants ! Quand je lui ai annoncé après, il a crié comme si on avait gagné la coupe du monde, il était hyper heureux !
Mes frères sont venus me voir à ma première sélection à Villeneuve-d’Ascq. C’était un moment merveilleux de partager ça avec eux après tout ce temps où ils m’ont supportée… Enfant, je traînais avec eux, jouais avec eux, leurs copains devaient en avoir marre, ça m’a valu quelques anecdotes.
Maintenant je participe aux trêves internationales. Nos calendriers de matchs sont calqués par rapport au calendrier international. Une semaine en mars sera consacrée à l’Equipe de France. Soit on est convoquées et on s’y rend, soit on continue à travailler dans notre club.
Je ne suis jamais rentrée dans les cases, j’ai toujours aimé faire les choses techniquement jolies, avoir un jeu plutôt spectaculaire, c’est quelque chose qui m’anime ; la discipline pure et dure n’a jamais été mon ADN. Pour autant, depuis 3 ans, j’ai progressé à l’aide de notre entraîneur. Il passe beaucoup de temps à répéter que la discipline est importante et j’en suis convaincue aujourd’hui. Je pense avoir réussi à réunir les deux : je peux me faire plaisir sur ce qui peut être un peu fantasque tout en étant disciplinée.
En demi-centre, j’ai un rôle très stratège, c’est important d’avoir les mêmes codes sinon il y a beaucoup d’incompréhension dans le jeu et par conséquent beaucoup de perte de balles avec un jeu beaucoup moins huilé.
Le demi-centre, c’est la personne qui est au milieu sur un système offensif et qui va annoncer toutes les combinaisons, tous les enclanchements travaillés en amont selon les adversaires. C’est elle qui décide de ce qu’on va jouer et comment on va jouer.
Chaque nouvelle joueuse d’une équipe peut choisir un numéro encore disponible entre 1 et 99. J’ai choisi le n°26 à Strasbourg parce que je suis née le 26 juillet. Quant à l’équipe de France, ce numéro était pris. On m’a attribuée le n°36, j’ai trouvé ça super. Si j’ai l’occasion de reporter un maillot, je garderai ce numéro, pour la symbolique.
L’équipe de France féminine de Handball représente l’un des plus grands espoirs de médaille olympique. Là, pour le mondial elles sont parties à 18 joueuses et pour les JO elles doivent partir à 14. Elles sont championnes du monde en titre. Tout laisse présager que cela va bien se dérouler, notamment en France où ce sera un public pour nous. Mais ça reste des JO, il y a de la place pour tout le monde. Ça nécessitera de travailler et de continuer à être persévérante.
Aujourd’hui, le handball féminin n’est clairement pas à la même hauteur que le handball masculin. Les salaires ne sont pas les mêmes, la médiatisation non plus. Il y a encore des combats qui sont loin d’être gagnés et pour autant il y a de nombreux combattants. C’est très difficile à démocratiser. Mais les choses évoluent, c’est déjà un bon point.
Pour la dernière coupe du monde, si cela avait été du foot, ça ne se serait pas passé comme ça. Là, TF1 décide de diffuser la finale jusqu’à la 1ère mi-temps, puis l’autre moitié a été retransmise sur TMC. Si ça avait été du foot, il y aurait eu un avant match, le match, un après match, une interview, la remise de trophée. Là, on se contente de 30 mn de télé pour dire qu’on a retransmis du handball féminin. C’est mieux que rien mais il y a encore une marge d’amélioration.