C’est l’histoire d’un drôle de type, qui passe ses journées au centre commercial. Cet être perclus de solitude, raccroché au monde par un consumérisme pathologique, salive devant les rayons du supermarché. Il se jette sur les distributeurs de friandises et les stands de dégustation. Il rêve d’être le gagnant d’un jeu-concours organisé par une marque de nourriture mexicaine. Sa simili vie sociale se résume aux palpations de son vigile préféré, Jeff, à l’entrée du magasin, et aux conversations creuses avec Martine, la patronne du bar.
Avec Nul si découvert, Valérian Guillaume adapte au théâtre son premier roman. Il y met en scène l’odyssée obsessionnelle d’un consommateur compulsif. Seul sous un abribus, cet individu borderline partage avec nous son trop-plein ou plutôt son vide existentiel. Il nous raconte sa vie à l’infini, ses pérégrinations au milieu des enseignes, l’enchantement et l’insipidité de l’hyper. L’absence de ponctuation du texte engendre un intense flot de paroles, métaphore de l’auto-étourdissement qui cache son malaise affectif.
En véritable athlète du souffle, Olivier Martin-Salvan incarne ce garçon singulier avec beaucoup de sensibilité et de justesse. Il lui donne ses rondeurs généreuses et sa voix chaude et douce, presque enfantine, pour amplifier encore l’ambiguïté monstrueuse d’une existence monotone prise au piège des tentations de la surconsommation, qui nous guette tous.