Yannick Jaulin reprend son spectacle culte, vingt-quatre ans après sa création. Déambulant dans un cimetière imaginaire, ce grand conteur fait parler les morts en croquant leur vie. De quoi réjouir une nouvelle génération de spectatrices et spectateurs, et leur donner le goût et le souci de la préservation des patois régionaux.
En 2000, l’artiste se met en tête de compiler les meilleures histoires sur la question, celles qu’on lui raconte au fil de ses pérégrinations dans le marais poitevin ou bien au-delà, celles qu’il trouve étranges et singulières.
Pour traiter de ce sujet délicat, il lui faut évoquer des morts tendres, des cruelles et des drôles, des morts en paix et des morts fâchés. Avec l’auteur et metteur en scène Wajdi Mouawad, ils imaginent un fil dramaturgique inspiré, évoquant un village quitté par tous ses habitants, emmenant tous leurs biens avec eux, sauf leurs morts. Il ne restait plus qu’à y étendre ces histoires-là après les avoir assouplies pendant de nombreuses veillées.
Sur scène, dans un décor qui évoque un cimetière éclairé à la lueur de quelques lanternes, il s’attarde sur les pierres tombales, retraçant les parcours des uns et des autres : les riches, les jeunes, les pauvres, les vieux, les bizarres, les oubliés… Avec sa gouaille et sa drôlerie irrésistibles, avec son humanité aussi, il rabiboche les vivants et les morts. Comme la mort, ce spectacle est et restera parfaitement indémodable.