Exposition Trois contes de Jean Charles Blanc au musée Hèbre

L'artiste et l'exposition présentés par Claude Stefani, conservateur des musées de Rochefort 

Jean Charles Blanc est écrivain, photographe, peintre, sculpteur et grand voyageur. Son travail use de nombreuses techniques plastiques. Son inspiration se nourrit de paysages, de cultures lointaines dans la géographie comme dans l’histoire, et de souvenirs polis par le temps et magnifiés par la nostalgie. On perçoit parfois chez cet autodidacte certaines influences des arts premiers mais aussi, notamment dans les détournements d’objets, la causticité de l’art brut, ou bien encore l’humour du dadaïsme. Son œuvre reste toutefois inclassable au vu de la multiplicité de ses réalisations, aussi originales dans leurs formes que variées dans leurs sujets.
Face à un tel foisonnement, la linéarité d’une présentation chronologique a peu de sens pour proposer une rétrospective. L’artiste a donc choisi d’organiser une exposition découpée en trois épisodes et intitulée, en hommage à Flaubert, Trois contes. Comme dans le recueil de nouvelles du romancier, Jean Charles Blanc narre trois histoires qui se déroulent dans des temps et des contextes très différents. Des récits essentiels dans sa vie et son œuvre. 

Les Andes, un voyage dans le passé colonial

L’exposition s’ouvre par une sombre escapade sud-américaine. Deux thématiques y sont développées. L’histoire de la conquête espagnole, violente et destructrice, et celle de la mine de Potosi, en Bolivie ; ce cerro rico, véritable montagne d’argent, dont l’exploitation entraîna la mort de centaines de milliers d’Indiens. Un drame exposé dans un grand triptyque qui, dans sa forme, rappelle les retables baroques des églises espagnoles et, dans sa combinaison d’images, le syncrétisme religieux de la culture indigène. Et le conte se transforme en tragédie...

Les Marquises et le mystère Jessie Bee

Photos lumineuses et objets insolites souvent issus de détournements comiques rendent un hommage joyeux aux cultures du Pacifique. Mais la partie polynésienne fait aussi la part belle aux figures de Gauguin et de sa fille oubliée, l’énigmatique Jessie Bee. Et le conte se fait légende...

L’Afghanistan, le reportage de l’émerveillement

Premier voyage aussi inoubliable qu’un premier amour, la section consacrée à l’Afghanistan laisse deviner la profonde affection que Jean Charles Blanc éprouve pour ce pays et son peuple. Les portraits d’Afghans, le film sur le marché de Bâmiyân et les photos des camions locaux hautement colorés, disent l’émerveillement de l’artiste pour cette contrée d’Asie centrale. Ils racontent un passé heureux, bien avant l’actualité tragique.
Et le conte devient témoignage...

Jean-Charles Blanc, raconte 

"Pendant que j’étudiais le chinois à l’Ecole des Langues O’, j’avais pris le goût des voyages vers l’Asie. Mais la Révolution Culturelle en Chine changea le cours des choses. Peu enclin à m’y engager, je délaissais la sinologie, ne me sentant pas fait pour être un spécialiste. Après 1968, je voulais aller voir ailleurs. Changer de vie. Explorer d’autres mondes. Ce fut d’abord l’Inde, que je trouvais insaisissable. Je retournais en
Afghanistan. Cinq années de voyages et séjours allaient faire de moi un photographe, un écrivain. J’apprenais sur le tas. Peu à peu, mes goûts pour l’image m’amenèrent à explorer d’autres techniques plastiques. En 1980, faisant ma première exposition, je suis devenu artiste à plein temps. Les voyages furent mon école des beaux-arts."